LIBERTE - EGALITE - FRATERNITE
AUX URNES CITOYENS !
Un loup vêtu d'une peau d'agneau reste un loup. L'extrême droite n'a pas changé même si ses représentants font tout pour présenter une image respectable en public. Ce qui est arrivé hier pourrait se reproduire demain. Rappelez-vous:
Dans les années trente, l'extrême droite française hurlait déjà sa haine des immigrés qu'elle rendait responsables de tout et de n'importe quoi et qu'elle qualifiait de métèques. Pendant l'occupation des dizaines de ces métèques ont lutté dans le Résistance pour défendre la Liberté et préparer un avenir de justice et de Fraternité. Beaucoup d'entre eux ont payé ce combat de leur vie. Ne les oublions pas et n'oublions pas que la construction européenne résulte de la volonté d'empêcher le retour des heures noires que l'Europe a connu alors.
Missak (Michel) Manouchian poète d'origine
arménienne,
responsable FTP, fut arrêté par la police de Vichy et
livré
à la gestapo. Missak Manouchian a été
fusillé
au Mont Valérien avec ses camarades. On trouvera ci-dessous sa
dernière
lettre, rédigée quelques heures avant son
exécution.
"Fresnes, le 21 février 1944.
Ma Chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée,
Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde.
Nous
allons être fusillés cet après-midi à 15
heures.
Cela m'arrive comme un accident dans ma vie, je n'y crois pas mais
pourtant
je sais que je ne te verrai plus jamais.
Que puis-je t'écrire ? Tout est confus en moi
et bien clair en même temps.
Je m'étais engagé dans l'Armée de
Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts
de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre
et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de
demain.
Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants
de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au
moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple
allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu'il
méritera
comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et
tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité
après
la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous... J'ai
un
regret profond de ne t'avoir pas rendue heureuse, j'aurais bien voulu
avoir
un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te
marier
après la guerre, sans faute, et d'avoir un enfant pour mon
bonheur,
et pour accomplir madernière volonté, marie-toi avec
quelqu'un
qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires je
les lègue à toi à la sœur et à mes neveux.
Après
la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en
tant
que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l'armée
française de la libération.
Avec l'aide des amis qui voudront bien m'honorer, tu
feras éditer mes poèmes et mes écrits qui Valent
d'être
lus. Tu apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en
Arménie.
Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l'heure avec le courage
et la sérénité d'un homme qui a la conscience bien
tranquille, car personnellement, je n'ai fait de mal à personne
et si je l'ai fait, je l'ai fait sans haine. Aujourd'hui, il y a du
soleil.
C'est en regardant le soleil et la belle nature que j'ai tant
aimée
que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien
chère
femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m'ont
fait du mal ou qui ont voulu me taire du mal sauf à celui qui
nous
a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus. Je
t'embrasse
bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin
ou de près, je vous serre tous sur mon cœur. Adieu. Ton ami, ton
camarade, ton mari.
Manouchian Michel.
P.S. J'ai quinze mille francs dans la valise de la rue de Plaisance. Si tu peux les prendre, rends mes dettes et donne le reste à Armène. M. M."